vendredi 15 août 2014

Pouvoir de masse

Moi, non truc, c’est le zoom arrière. Quand les problèmes semblent énormes et insurmontables, j’ai une méthode qui marche bien, je fais un zoom arrière. Sans blagues, imaginez votre problème, quel qu’il soit, depuis la Lune. 

Mais bon, je ne vis pas non plus sur la Lune en permanence, donc à un moment ou à un autre, le problème reprend une taille suffisante pour me boucher l’horizon. Il faut le résoudre. N’empêche que depuis la Lune, j’ai pu avoir un aperçu d’une plus grande image, et derrière ou à côté du problème, j’ai pu discerner des éléments de solution. 

En ce moment, le monde bouge, vous avez remarqué? Et pas qu’un peu. Le chaos envahit la planète, on est d’accord là-dessus, n’est-ce pas? C’est l’heure du grand n’importe quoi. Ici on fomente la guerre en abattant des avions de ligne, là, on subit une météo dont on se doute qu’elle n’est plus naturelle à l’instar des catastrophes qu’elle provoque, ailleurs, les animaux et la nature sont massacrés sous le prétexte que nous avons faim et que nous avons besoin de pétrole et partout, le système s’effondre dans des aberrations de plus en plus aberrantes. Résultat, c’est l’angoisse qui se généralise.

Et si c’était le but? L’angoisse…
Quel bon moyen de nous maintenir en esclavage. Quoi? Pourquoi je dis «maintenir», mais parce que nous sommes des esclaves depuis un bon moment déjà. Esclaves de notre croyance, que dis-je, de notre foi inébranlable en notre totale impuissance.

Zoom arrière.

Qui alimente le système? Qui donne les moyens à quelques esprits tordus et avides de pouvoir de nous maintenir dans l’esclavage? Mais quel esclavage, au juste? La croyance que tout repose sur l’argent, pour une part. Et que sans argent, rien n’est possible. La croyance que la solidarité n’existe pas. La croyance que nous sommes seuls face à la grosse machinerie et donc, que nous sommes un tout petit pot de terre pas cuite contre un gros pot en acier trempé. 

Rien de plus faux, mais nous regardons tous ailleurs pour ne surtout pas changer cette croyance. Pourquoi? 

Je suis l’évolution du Revenue de Base Inconditionnel. J’adore cette idée, pas vous? Recevoir un revenu de base coquet tous les mois, sans conditions, de la naissance à la mort. Vous dites quoi, si je vous propose ça? Moi, je dis oui tout de suite, hé! Il y a un mot qui me séduit complètement: «inconditionnel». La seule condition: exister. Ouéééé. Joli.

Eh ben non. La masse dit non. Les gens ont peur. D’un tas de choses, mais principalement que les autres soient des grands saboteurs. Saboter quoi? Chacun est libre de vivre chichement d’un RBI ou de l’augmenter d’un salaire. Même si on devient tous des glandeurs, on va continuer à consommer, c’est pas demain que ça va s’arrêter, ça. Et consommer, c’est remettre l’argent dans le système qui nous verse RBI. Gagnant-gagnant. 

Je me connais, moi, le RBI ne va pas me suffire et si j’aime bien glander, ça va cinq minutes. Ce que j’aime surtout, c’est participer, avancer …et consommer. Pour consommer bien, je vais avoir besoin de plus que mon RBI alors je vais aller regarder où il y a besoin de travail pour quel salaire. Il se peut que j’opte soit pour un job idiot mais super bien rémunéré, et que je le fasse peu de temps, le temps de me payer le voyage en Egypte dont je rêve. Ou alors, je vais opter pour un job moins bien payé, mais sympa, utile, avec des collègues joyeux. Ou je vais peut-être carrément m’inventer une activité lucrativo-créative, je ne sais pas encore. Ce qui est sûr, c’est que la joie du travail va revenir. 

Que personne ne m’écrive pour témoigner de comment son travail est joyeux et rentable, vous seriez une exception dans le paysage. Je rappelle que je parle depuis mon zoom arrière et je ne suis même pas sur la Lune, je suis seulement à quelques dizaines de mètres à la verticale de la planète. 

Les personnes interrogées disent d’elles qu’elles seraient les premières à conserver leur travail — gros menteurs pour pas mal d’entre elles qui disent cela parce que l’idée de devoir choisir ce qu’elles feraient de leur journées leur fait peur — mais craignent de rester seules à le faire. Tous les autres, sauf eux, deviendraient instantanément des glandeurs. La grande peur de la solitude face aux autres malveillants, la grande peur d’être écrasé par les autres, la grande peur des autres tout court.

La plus grande hypnose. Celle qui maintient l’incohérence globale. Celle qui est le plus contraire à notre nature profonde. Et comment marche-t-elle, cette grande hypnose? Parce que nous sommes tous d’accord de regarder ailleurs. Par paresse. Tiens, elle est là, la grande paresse du moment, c’est une paresse de l’âme: nous refusons de regarder en nous et d’y trouver l’amour de son prochain, et nous refusons de voir les autres. Pas les regarder, les VOIR. Comme dans Avatar, vous vous rappelez? «Je te vois». Je discerne qui tu es derrière tes voiles et tes masques, je vois ton âme, et je vois que fondamentalement, tu es mon frère.

Mais revenons à nos noutons. Tiens, oui, des moutons, justement. Qui, disais-je, maintient le système actuel en place? Qui finance les guerres fomentées? Qui remplit les caisses de l’État? 

Le troupeau des moutons que nous sommes qui cautionne tous les jours ce qui est en place de chacun de ses gestes. Le troupe continue à consommer à outrance et sans discernement, le troupeau continue à s’abrutir d’un emploi épuisant — pas physiquement, et c’est là la grande habilité, mais psychologiquement — et de programmes télé débilitants. Le mental ainsi monopolisé, le QI du troupeau est particulièrement bas, voire inexistant. Le troupeau marche là où on lui dit de marcher, le troupeau se sent fort en troupeau, et quand un mouton s’échappe, il est vite remis dans le rang par le chien qui aboie. Un seul chien pour tout un troupeau, soit dit en passant.

Nous sommes tous responsables, chacun et collectivement, de ce qui nous arrive. Ce n’est la faute de personne d’autre que nous-mêmes. Mouton individuel et troupeau. ET troupeau. Le troupeau, c’est nous. Moi, toi, elle, lui… Non, j’insiste, parce que je vois bien que le troupeau n’entend toujours pas. Pour pas mal d’entre nous, le troupeau, c’est les autres.

S’il entendait, le troupeau deviendrait intelligent. Pour l’instant, aveugle et sourd, il est d’une stupidié incommensurable. 

Il devient un peu prêchi-prêcha, mon article non?

Voyons. Comment changer de registre?

Peut-être en disant que si je fais ainsi état de ce que je vois, nous en troupeau docile, c’est parce que de là où je suis en zoom arrière, je vois aussi et surtout des moutons se transformer en humains. Ils se relèvent sur deux pattes et, les yeux ouverts au-dessus de la laine des autres, ils se mettent à regarder. D’abord en eux. Ils découvrent qu’ils sont bien plus que ce qu’ils croyaient être jusqu’ici et ils commencent à croire en eux-mêmes. C’est joli, ça fait une belle lumière autour d’eux. Cette lumière accroche le regard d’autres moutons qui, à leur tour, secouent leur toison de laine et lèvent le nez du ras du sol. 

Ce qui nous manque encore, en tant que collectivité humaine, c’est de croire en nous en masse. Nous faire confiance les uns les autres. J’ignore combien de temps ça va encore prendre, mais je suis convaincue que ce n’est plus très long. 

Je ne dis pas que l’homme est bon, je dis que l’homme a le même potentiel de bien que de mal, et qu’il doit choisir. Et ne pas choisir n’existe pas. Quand l’homme ne choisit pas, il donne sa voix à la majorité, même quand cette majorité n’est qu’une minorité de fait. Y’a qu’à voir les élections. Ceux qui ne votent pas donnent leur voix à la majorité qui le fait. C’est ainsi qu’on se retrouve avec des hommes politiques qui ne nous plaisent pas. Bien fait, y’avait rien qu’à aller voter.

Donc, tant que nous ne décidons pas consciemment et concrètement, individuellement d’abord et collectivement par la force des choses, la réalité suit le cours de ceux qui décident. Eux. Quand le troupeau aura compris cela, le troupeau décidera peut-être de décider quelque chose de bien lui.

Je joins une petite video de démonstration qui m’a bien plu et qui a motivé cet article. J’ai la conviction que c’est une fiction, mon zoom arrière me dit qu’une telle «marketeuse» n’existe pas encore, mais le message est fort.

La video suivante, en revanche, est le reflet de la réalité, et je ne me lasse pas de celle-là dont le message, au fond, est le même.


Les secrets du marketing



Jill Bolte Taylor



Bon choix tout le monde.






mercredi 13 août 2014

Voyage en absurdie

Un de mes amis facebook publie ce matin :

«Ah ben si j’avais su…!»

C’est tout.

Et ça marche. Un maelström d’émotions se déchaîne en moi. D’abord, la curiosité:

«Ben, si t’avais su quoi, Gérard?» me demandé-je in petto.

Le sentiment qui m’envahit est ensuite est la sollicitude. Manifestement, il a des soucis, mon copain, et je lui proposerais bien mon aide, mais comment savoir de quoi il a besoin? Comme il n’a pas daigné écrire la suite, je ressens juste après une légère colère. Un petit agacement. Gérard doit bien se douter qu’avec une réflexion de ce genre, les lecteurs vont être piqués au vif.

C’est un autre ami, Robert, qui pose la question:

— Que se passe-t-il, mon pote?

Et la réponse, destroy :

— Rien, je me comprends. Un mauvais moment qui est passé.

Comment je fais pour me retenir d’écrire une réflexion rageuse, je l’ignore. Il fait exprès Gérard? Il doit se douter que c’est agaçant, ce genre de commentaires elliptiques, non? 

Mais je suis une grande fille qui gère ses émotions, alors je me calme. Je me dis que peut-être, Gérard n’a pas envie de raconter son histoire publiquement, il en a bien le droit, après tout.

MAIS ALORS POURQUOI IL A MIS CETTE RÉFLEXION EN PREMIER LIEU ?????

Argh, non, non, j’ai dit que je restais zen.

Mais qu’est-ce qui lui arrive à Gérard, nom d’un chien… C’est grave? Non, ben je m’en fous, après tout, s’il ne veut pas en dire plus, c’est qu’il n’a besoin de rien.

MAIS ALORS POURQUOI IL A ÉCRIT CELA?

Exprès pour piquer la curiosité? Pour se faire remarquer? Non, franchement, c’est quoi le but? N'a-t-il pas pensé à la réaction des ses amis en le lisant? Ou alors il est con. C’est un gros égoïste qui ne pense qu’à lui, rien à foutre des autres. Décevant.

Oh la la, tout ça pour une petite réflexion sur le mur facebook? Qu’est-ce qui m’arrive? Je ne vais pas bien, devrais-je consulter?

Ah non, hé, ho, c’est pas mon problème, cette histoire, c’est celui de Gérard! C’est lui qui est grave.

Bon, j’arrête. Il fait beau, la vie est belle, je refuse de laisser ma belle humeur être assombrie par des faux amis qui n’ont pas de considération pour les leurs.

Mais ce qui est sûr, c’est que le prochain qui fait ce coup-là, je le vire de mes amis.

Hop.

Non mais.